lundi 23 avril 2012

Pascal COLLIN: mystère à Yarabatan Sarayi


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Mystère à Yerabatan Sarayi (en cours) salle-voutée-150x100
C’est la saison d’été à Istanbul et les touristes affluent depuis quelques jours dans la ville pour admirer la Mosquée bleue et Sainte Sophie, la tour de Galata, les musées et faire des emplettes dans les boutiques de souvenirs. Marc s’en sort plutôt pas mal avec la boutique d’Atakhan, les affaires sont bonnes. Toute la famille est partie à Paris, Mme Ceylan ne tenant plus, les Champs Elysées l’attendaient… et les enfants étaient impatients de passer deux jours au parc d’attractions. Sevim vient l’aider de temps en temps à mettre en valeur les objets sur la devanture afin de créer l’ambiance et l’envie d’acheter et cela marche. Deux mois maintenant qu’ils sont allés voir Maliha à Konya, elle allait bien, ses souvenirs étaient revenus, elle parlait souvent de son frère, elle avait accepté.
Ce soir ils vont voir « Janus » la pièce de théatre de Gisèle et de son fils Erol , au Gezi Park à Taksim, cela faisait un moment qu’ils n’étaient pas sortis ensemble. L’occasion pour Sevim de mettre à nouveau sa superbe robe turquoise qui lui va si bien. Mais avant, ils se sont donné rendez vous au Susam café pour rencontrer Melody la journaliste, elle tenait à les voir pour leur raconter un fait bizarre relevé lors d’une visite à la citerne Yerebatan Sarayi pour l’un de ses articles. Melody écrit des news vertes sur l’écologie et cherchait à savoir la qualité de l’eau au fond de cette citerne. Citerne ce mot ne convient pas à un magnifique monument souterrain édifié au temps de Constentin, fontaine souterraine serai mieux.
Melody, ils l’avaient rencontré un jour au Susam Café, voyant que Sevim et Marc consommaient un Picon, elle était venue à leur rencontre pour leur parler de la Belgique et de ses fameuses bières. Elle était arrivée ici à Istanbul et n’était jamais repartie. Le Susam Café, haut lieu de détente et de conversation, un patchwork de tables et de chaises dépareillées, en tissu écossais, en cuir, style art déco ou Louis XV, lustre baroque éclairant un frigo américain, voilà un endroit qu’ils aiment à fréquenter et les serveurs y sont sympas.
« tu es magnifique Sevim, allons-y, on va être en retard » dit Marc
« c’est quoi cette histoire qu’elle veut nous raconter? » dit Sevim
« je ne sais pas, mais elle a insisté pour nous voir, cela doit être important » répond Marc en fermant la porte de leur agence.
Le café Susam n’est pas très loin, ils arrivent à l’heure au rendez-vous.
« bonsoir Sevim, bonsoir Marc, comment allez-vous? » demande Melody
« Nous allons bien, Marc m’emène au concert de Gisèle et Erol ce soir » dit Sevim
« vous êtes très élégante, j’irai sûrement aussi les voir plus tard, j’adore leur musique »
« alors vous vouliez nous raconter quelque chose au sujet de la fontaine souterraine Melody? »
« oui, voilà, il y a quelques jours je faisais un reportage sur cette fontaine, comme vous dites, nous essayons de suivre la qualité de l’eau régulièrement. En effet depuis très longtemps elle n’est plus alimentée par l’acqueduc, mais par les eaux de pluie et nous cherchons à savoir si elle se dégrade. Pendant mes analyses, une vieille dame est venue à ma rencontre pour me parler. »
Le serveur vient les interrompre poliment pour prendre la commande, il connaît bien Melody qui lui dit quoi apporter. Elle reprend:
« elle me demande si je fais la même chose que le monsieur qui vient ici la nuit. Immaginez ma surprise! En effet elle habite en face et depuis une semaine, a des heures différentes quelqu’un vient et pénètre dans la citerne, il y passe une ou deux heures et en ressort ensuite. Il vient avec un sac à dos et elle a vu un soir un tuba dépasser du sac, elle a reconnu cet accessoire de plongeur car sa petite fille en a un. »
« c’est curieux en effet, a quoi cela lui servirait, l’eau n’est pas profonde, et pourquoi faire? » dit Sevim, intriguée.
« un baigneur de l’éxtrème? » dit Marc avec humour.
« en tout cas, il n’a rien à faire la nuit dans ce lieu et je me demande comment il fait pour y pénétrer » dit Melody
« il fait peut-être une étude pour un organisme officiel, en dehors des visites ou alors il est chargé du nettoyage » dit Marc
« c’est possible, mais cela est intriguant malgré tout, nous devrions chercher à savoir Marc, qu’en penses-tu? »
« oui, cette histoire m’intrigue aussi Sevim, nous allons nous en occuper, merci Melody de nous avoir parlé de ces faits » dit Marc
« vous me tiendrez au courrant? »
« oui, dès que nous auront des faits nouveaux. Bon en attendant Marc, allons-y sinon nous seront en retard au concert, ce serait dommage de manquer le début » dit Sevim.
« oui allons-y, on vous retrouvera peut-être là-bas Melody, a plus tard »
La route jusqu’à Taksim donne l’occasion aux deux détectives de discuter de cette bizarre affaire.
« comment allons nous procéder Sevim? » demande Marc qui fait toujours confiance à la première intuition de Sevim.
« eh bien, on y va après le concert! »
« oui et comment on va pouvoir entrer? »
« Marc, tu trouvera une solution, j’en suis sûre »
« je peux toujours appeller le lieutenant Yasar, qu’il contacte les autorités, mais il est tard maintenant » dit Marc
« il n’est jamais trop tard, immagines que nous soyons devant une affaire importante! »
Janus, la pièce de théatre fût un succès, un public nombreux qui appréciait les chansons en Turc et en Français ainsi que les compositions particulières du prometteur Erol et les rappels fûrent nombreux. Sevim et Marc après avoir passé un super moment, allèrent les féliciter avant de reprendre la route vers le palais englouti.
Direction Meclis i Medusan Cd, Kemeralti Cd, le pont de Galata, Eminönü puis Yerebatan Cd. La citerne engloutie se trouve tout près de la Basilique Sainte-Sophie et non loin de la Mosquée Bleue. Marc avait eu le lieutenant Yasar qui avait dépêché un de ses hommes sur place qui avait lui-même dérangé un fonctionnaire pour avoir un jeu de clefs de la porte d’entrée. Le lieutenant était aussi intrigué par cette drôle d’histoire mais n’avait pas assez d’effectif pour laisser un agent sur place et il voulait bien que Sevim et Marc s’en occupent. Le jeu de clefs récuperé, la porte ouverte, ils pénètrent dans la salle aux trois cent trente six colonnes.
L’atmosphère humide et la pénombre ne rassure pas Sevim qui d’habitude est si prompte à enquêter, là elle prend le bras de Marc qui sent alors ses frissons. C’est vrai que dans le noir avec le son des gouttes qui s’écrasent sur la surface de l’eau et dont le bruit résonne dans cette immense espace clos, il y a de quoi avoir peur. Marc ayant prévu le coup, il se décide quand même à sortir sa lampe de poche et à éclairer le chemin devant eux, Sevim lui a laché le bras. Ils avancent sur la plateforme en bois en direction de la terrasse souterraine, lieu où aux heures d’ouverture les touristes peuvent s’assoir un peu et se désalterer en profitant de la fraîcheur des lieux.
« veux-tu que je te cherche un manteau dans la voiture Sevim, tu as froid on dirait, nous n’avons même pas pris le temps de nous changer » dit Marc à Sevim dans sa robe turquoise.
« non, ça ira Marc, ne me laisse pas seule, essayons de reperer où se trouve le tableau d’éclairage afin de savoir comment surprendre l’homme au tuba au moment où il sera là »
« oui, tu as raison, allons-y! »
Il ne leur faut pas longtemps pour trouver ledit tableau dans la pièce juxtaposant le café souterrain. Marc enclanche le disjoncteur et là, la féerie soudaine exalte les deux comparses médusés. Le reflet à la surface de l’eau donne à l’ensemble une dimension iréelle…
« regarde cette beauté Sevim, ces majestueuses colonnes de pierre antiques sortent de l’eau pour se dresser sous la lumière et pour supporter le poids d’une nouvelle civilisation au dessus » dit Marc
« oui et la tête de méduse est là à surveiller que l’ensemble reste en harmonie et pour que personne ne vienne pertuber l’ensemble, comme si les batisseurs de l’époque avaient voulu donner une âme à cet endroit » dit Sevim
« il me semble que c’est pour cela en effet, elle surveille »
« si on éteignait maintenant, on ne sait jamais, l’homme au tuba pourrait arriver maintenant » dit Sevim
« oui, tu as raison, éteignons! » dit Marc en se levant pour se diriger vers le tableau, mais Sevim reste assise.
La salle aux trois cent trente six colonnes est maintenant dans le noir et seules les gouttes qui tombent sur la surface de l’eau rapellent nos deux detectives à rester vigilents.
« ça n’a pas l’air d’aller Sevim »
« ne t’inquiète pas Marc, tout va bien, j’ai juste un peu froid »
« allons nous-en, nous ne sommes pas obligés de rester cette nuit et d’ailleurs nous ne sommes pas obligés d’enquêter sur cette affaire »
« non, ça va passer, et arrête de vouloir toujours abandonner quand on est au feu de l’action » dit Sevim sèchement, ayant retrouvé son énergie.
« pardon Marc, je ne voulai pas te blesser, je sais que c’est à moi que tu pensais,très bien, revenons demain » rajoute-t-elle voyant que Marc ne répondait pas.
Au moment même ou ils se lèvent, un bruit se fait entendre en face, le bruit de la porte d’entrée résonne comme une onde de choc en traversant la salle obscurcie. Tout deux se baissent et scrutent l’entrée éclairée par un faiseau lumineux en mouvement, une lampe torche se dirige vers la passerelle.
« Marc, Sevim? Etes-vous là? » dit la voix familière aux deux detectives.
« oui nous sommes là Lieutenant » répond Marc surpris de le voir ici.
« il faut que vous sortiez d’ici, les autorités ont décidé de fermer cet endroit en attendant des experts de l’archéologie »
« et pourquoi? Quelles sont les raisons de cette décision soudaine? » dit Sévim
« raison d’Etat, mais je vous en dirait plus en chemin, allons-y sortons »
En passant sur la passerelle Sévim se coinça un talon entre les lames de bois, elle grelotait et pestait contre elle, sur sa façon de s’habiller pour les planques. Marc la prend à nouveau par le bras et éspère qu’elle a compris la leçon, ils apprenent encore.
Une fois dehors, ni une ni deux les hommes du lieutenant condamnent la porte d’entrée de la citerne Yerebatan.
Au Susam Café, tous les trois prennent un verre histoire de se réchauffer un peu, pendant que le lieutenant Yasar s’explique sur sa précipitation quelques minutes plus tôt à évacuer le lieu:
« j’ai raconté cette drôle d’histoire à mes supérieurs en rentrant au bureau et de suite ils m’ont demandé de faire fermer le site classé »
Quelques semaines plus tard
Atakhan était en train de s’ennerver avec une lampe sur pied quand Marc entra dans la boutique d’antiquités.
« bonjour Atakhan, alors elle fait des siennes cette lampe? »
« bonjour Marc, cela fait une heure que j’essaie de l’assembler, je l’ai achetée à un commerçant du quartier qui la tennait de ses parents, la visserie est un peu rouillée, comment vas-tu? »
« Je vais bien, j’ai pu transmettre des fiches d’une statuette byzantine à l’agence qui a retrouvé un stock d’objets volés chez un particulier à Rome, ils remontent la trace. Sevim est allée faire un peu de shopping à Istiklal caddesi avec Melody la journaliste, elles ne se quittent plus en ce moment. Et madame Ceylan, Gizem et Özgur, comment vont-ils? »
« oh bien, mon épouse était ravie du séjour à Paris, elle n’a jamais eu un garde-robe aussi remplie, les enfants vont bien, ils demandent après vous souvent. Quand pouvez-vous vous liberer pour dîner à la maison? »
« tu sais bien que c’est toujours un plaisir, je vois avec Sevim et je t’en reparle »
« ammenez votre amie avec vous, ce sera une joie de la connaître, et pas d’affaire en ce moment? »
« juste une drôle d’histoire concernant les citernes de la ville, tu es au courant, elles sont toutes fermées et surveillées » dit Marc
« oui j’ai lu cela dans les journaux, viens nous allons discuter de cela dans l’arrière boutique » dit Atakhan en se dirigeant dans la petite cuisine attenante.
La boutique d’antiquités, il l’avait rachetée il y a quelques années et avait au fur et à mesure des années complèté la vitrine avec de magnifiques pièces dont des meubles de style napoléon et des objets style Art Nouveau ainsi que de somptueux vases en céramique d’Iznik et biens d’autres objets de l’Art turc trouvées dans les salles de vente d’heritiers de Yalis. Ces jeunes bénéficiaires ne pouvaient pas modifier l’extérieur car ces maisons sont classées au patrimoine, mais ils voulaient en moderniser l’intérieur.
Atakhan apporte le café turc qu’il vient de préparer et ils s’installent pour discuter de l’affaire en suspend:
« vas-y Marc, raconte-moi tout ce que tu sais »

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