Pour la quatrième année consécutive, plusieurs dizaines de personnes se sont retrouvées hier à Istanbul en hommage aux victimes arméniennes de l’Empire ottoman. Pour la première fois, une délégation européenne avait fait le déplacement, dont quelques Français.
Le 24 avril est considéré comme la date-anniversaire de début du génocide arménien. Une dénomination que le gouvernement turc rejette fermement et que les Arméniens utilisent pour qualifier les persécutions et déportations perpétrées entre 1915 et 1917, par ce qui était encore l’Empire ottoman.
Photo FF
Istanbul accueille sa commémoration depuis 2010. Mais pour la première fois hier, une délégation européenne avait fait le déplacement. Constituée d’une vingtaine de personnes venues de 15 pays, cette délégation était coordonnée par le Mouvement Antiraciste Européen (EGAM) et l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB). Après une longue journée de commémorations (voir programme ci-dessous), les militants internationaux se sont rendus vers 19h sur la place Taksim. Ils y ont alors rejoint les manifestants turcs et arméniens de la diaspora, qui avaient répondu à l’appel de l’Organisation des droits de l'homme (IHD) et d’autres associations. Pourquoi un tel déplacement ? “Parce que ça s’est passé ici, et pour soutenir les militants de Turquie” répond Benjamin Abtan, le président de l’EGAM. Quant à Marie-Anne, qui se qualifie “d’électron libre” car venue seule : “Il était important d’exprimer ma solidarité en tant que Française d’origine arménienne de troisième génération”.
Dans un silence de cérémonie, plusieurs dizaines de personnes se sont recueillies, arborant les photos des disparus et assises à même le sol. Pacifiques, elles ont écouté attentivement les discours entrecoupés de chants arméniens. Devant elles, roses et bougies décoraient une grande banderole de portraits, dont celui du journaliste Hrant Dink assassiné en 2007, au-dessus de laquelle était inscrit en gros caractères : “98 Yıl oldu.” (Cela fait 98 ans.)
Si une poignée d’opposants a tenté de faire une contre-manifestation à quelques mètres de là aux cris de “Ce n’est pas un génocide ! C’est un massacre mutuel”, les événements se sont déroulés dans le respect et la sérénité. Des dizaines de policiers entouraient la commémoration, laissant passer les sympathisants au compte-goutte.
Hier, les événements de 1915 ont aussi été commémorés officiellement pour la première fois à Diyarbakır (sud-est) et dans la province turque de Tunceli (est du pays).
Découvrez en musique quelques images des cérémonies à Taksim hier:
Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 25 avril 2013
Déroulement de la journée d’hier :
- 11h : visite de la tombe de Faik Ali Bey (Zincirlikuyu), le gouverneur de Kütahya qui n’avait pas obéi à l’ordre du gouvernement central de déportation de la population arménienne de Kütahya.
- 12h30 : début des manifestations de commémoration Place Sultanahmet, en face de l’immeuble en face du Musée des Arts Islamiques Turcs, qui avait servi en 1915 de Prison centrale dans laquelle les intellectuels arméniens ont été détenus.
- 14 h : visite au cimetière arménien de Şiʂli de la tombe de Sevag Sahin Balıkçı, le militaire arménien abattu pendant son service militaire dans l’armée turque à Diyarbakir le 24 avril 2011.
- 19h : manifestation sur la place Taksim.
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