mardi 23 juillet 2013

SUR UN GRAIN DE RIZ, DES AILES DE PAPILLON... –

Hasan Kale, le détail à portée de main

Les créations détaillées et miniatures d'Hasan Kale circulent en photos sur la toile depuis début 2013. Sept mois plus tard, l'oeuvre du peintre turc suscite un engouement grandissant. Entre habileté et maîtrise, Hasan Kale surprend par la minutie de sa peinture et la nature originale de ses toiles, d'une taille infiniment réduite, qui relèveraient presque de la fantasmagorie. Rencontre avec l'artiste.
Imaginez un grain de café soluble ou de sucre, pensez à leur nature éphémère. On ignore trop souvent ces choses insignifiantes de notre vie quotidienne. Avec ma peinture, je veux inciter à la prise de conscience de leur signification insoupçonnée.” C'est ainsi qu'Hasan Kale, originaire d'Inegöl, petite ville de la région de Marmara, près de Bursa, définit sa passion pour la peinture miniature. Né en 1959, l'artiste habite Istanbul après avoir eu un coup de foudre pour la capitale culturelle du pays il y a vingt ans.
Photo DJ
Cheveux poivre et sel tirés vers l'arrière, Hasan Kale se balade rarement sans sa tasse de café. “Quand je peins dans mon atelier, je me coupe du monde, comme si j'étais dans une bulle. Toute mon attention est portée sur les quelques poils de mon pinceau.” Le peintre perfectionniste n'arrive plus à trouver le sommeil depuis quelques mois, entre le temps consacré à sa peinture, les conférences universitaires qu'il donne parfois et le joaillier turcSevan Bıçakçı, avec qui il confectionne des bijoux pour gagner sa vie.
Représenter l'immensité par l'infiniment petit
Hasan Kale s'amuse à peindre le plus souvent des paysages stambouliotes sur un grain de riz, la tête d'une épingle, un caillou poli ou les ailes d'un papillon empaillé. “J'aime beaucoup les images qu'offrent la ville d'Istanbul, véritable reflet de la culture anatolienne. C'est un lieu à la fois ouvert et mystérieux dont l'aspect architectural et la richesse historique hors pair permet de nourrir sans cesse l'inspiration.” Le peintre affectionne également les grands monuments comme la Tour Eiffel ou la Statue de la Liberté, qu'il reproduit sur ces supports variés dont la taille ne dépasse en général pas une phalange. Hasan Kale prend entre trois jours et deux mois pour confectionner une miniature selon la nature de ses toiles originales, tantôt calcaire tantôt carbonée. Après vingt ans d'exercice, l'habile cinquantenaire n'a cassé que deux de ses oeuvres. “Une tasse de café est si vite arrivée” plaisante t-il.
La peinture d'Hasan Kale, un défi personnel
Dans les années 80, Hasan Kale s'est essayé à reproduire des miniatures turques, ces véritables contes en images chargés de magnifier le règne du Sultan, connus pour leur extrême finesse. Pendant une dizaine d'années, il s'est inspiré de l'art des nakkaş, nom de ceux qui peignaient avec minutie les scènes de l'histoire ottomane. “Les innombrables détails de leur peinture révèlent une technique remarquable. J'ai souhaité expérimenter ce savoir-faire pour adopter un style méticuleux. Quelques années après, je me suis demandé jusqu'où il était possible d'aller dans la précision et la maîtrise du détail. Je l'ai pris comme un défi personnel et me suis lancé.” C'est donc moins par scrupule que pour le défi technique et artistique que Hasan Kale s'est lancé dans ses créations détaillées et a commencé à peindre une noix de cajou en 1994.
L'artiste dans son atelier (Photo DJ)
La vie d'artiste en Turquie
On ne peut pas dire que les artistes en Turquie sont satisfaits de leur situation. Leur régime est certainement plus dur en Turquie qu'ailleurs” avoue t-il. Outre les conditions économiques dont souffrent les artistes du pays, Hasan Kale fait allusion à la reconnaissance et la valorisation de leur métier, encore trop faible à son goût. Il porte frénétiquement une cigarette à sa bouche. “Le plus important c'est de pouvoir faire ce que l'on aime.”
Depuis son plus jeune âge, Hasan Kale a un goût très prononcé pour l'art. “Ma famille n'est pas dans le domaine artistique, mais je me souviens qu'à cinq ans, je voulais être un grand artiste. (Il sourit) Je n'ai suivi aucune éducation spécialisée, j'aime me satisfaire des couleurs et expérimenter l'habileté que peut avoir un pinceau.”Autodidacte confirmé, Hasan Kale a travaillé sa facture à partir de pinceaux guère plus fins que ceux que l'on trouve dans le commerce. Il s'installe à son bureau. Un galet est apposé sur son bureau, immobilisé par de la pâte à fixe. Lunettes sur le nez, loupe à la main, il applique un aplat de couleurs sur le caillou à l'aide d'une mixture d'acryliques, qu'il a confectionnée lui-même dans sa cuisine. Il a déjà marqué 200 pièces de son coup de pinceau. Le mois prochain, l'artiste s'envolera pour Israël, où il exposera pour la première fois son oeuvre hors de la Turquie.
Découvrez en images d'autres oeuvres de l'artiste:

Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul) mardi 23 juillet 2013

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