La liberté d’expression reste un sujet sensible en Turquie comme dans beaucoup d’autres pays. Elle était l’un des thèmes de débat du 38ème Congrès triennal de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) à Istanbul ces derniers jours. Des personnalités mondialement connues pour leur engagement dans ce domaine ont dénoncé des cas concrets de violation de cette liberté.
Shirin Ebadi, avocate et militante des droits de l’Homme en Iran, prix Nobel de la paix 2003, a une nouvelle fois accusé les multinationales et en particulier Nokia-Siemens de “complicité” avec le gouvernement de son pays. Grâce aux technologies de surveillance développées par ces sociétés, a-t-elle expliqué, le gouvernement iranien peut contrôler en permanence la diffusion d’informations au grand public. En 2010, Nokia Siemens Networks (NSN), filiale des deux entreprises, s'était défendu de ces accusations, assurant que le système vendu en 2008 à l'Iran était incapable de surveiller l'Internet sur les téléphones mobiles.
Affiche signée Reporters sans frontières.
Les logiciels fournis par des multinationales au gouvernement iranien facilitent pourtant la censure de la presse, des sites internet et le brouillage des retransmissions de chaînes télévisées étrangères, a répété Shirin Ebadi. Le Parlement européen a d’ailleurs décidé de soumettre l’export de ces technologies à des critères plus stricts, a-t-elle souligné, avant de regretter que la Chine développe désormais elle aussi des technologies de surveillance et commence à les exporter.
Persécutée pour un film
Selon une autre intervenante au congrès de la FIDH, le gouvernement du Kirghizistan emploie des moyens drastiques et plus directs encore pour censurer la liberté d’expression. Tolekan Ismaïlova, organisatrice de “Bir Duino”, Festival international du documentaire sur les droits de l’homme au Kirghizistan, a dénoncé la “violence” des mesures prises par le gouvernement kirghize afin d’interdire la diffusion d’un des documentaires présentés à “Bir Duino”. Son sujet : l’homosexualité et les valeurs musulmanes. Suite à cette condamnation, Tolekan Ismaïlova a été arrêtée, persécutée, emprisonnée et considérée comme une espionne.
Selon une autre intervenante au congrès de la FIDH, le gouvernement du Kirghizistan emploie des moyens drastiques et plus directs encore pour censurer la liberté d’expression. Tolekan Ismaïlova, organisatrice de “Bir Duino”, Festival international du documentaire sur les droits de l’homme au Kirghizistan, a dénoncé la “violence” des mesures prises par le gouvernement kirghize afin d’interdire la diffusion d’un des documentaires présentés à “Bir Duino”. Son sujet : l’homosexualité et les valeurs musulmanes. Suite à cette condamnation, Tolekan Ismaïlova a été arrêtée, persécutée, emprisonnée et considérée comme une espionne.
Le célèbre pianiste turc Fazıl Say, condamné le 15 avril pour des messages sur Twitter jugés insultant envers l’islam, a exprimé lors d’une apparition vidéo sa frustration envers le système judiciaire turc. Des lois permettent la condamnation de journalistes, artistes et autres intellectuels pour leurs idées, a-t-il expliqué. La semaine dernière encore, l’écrivain turc d’origine arménienne Sevan Nişanyan a été condamné par un tribunal d’Istanbul à un an et 45 jours de prison pour avoir insulté le prophète de l’islam, Mahomet. Fazıl Say définit sa condamnation et les autres comme étant “nécessaire à la lutte pour la liberté d’expression en Turquie”.
De gauche à droite: Sheila Nabachwa Muwanga (FHRI Ouganda), Shirin Ebadi, Tolekan Ismaïlova, Fikret Ilkiz, Casey O'Connor (photo EG)
“Nous avons mis de l’ordre chez nous”, a affirmé le président de la République de Turquie, Abdullah Gül, vendredi après-midi lors du congrès de la FIDH. Selon lui, le pays a adopté les valeurs universelles des droits de l’Homme. Il a néanmoins reconnu que la Turquie rencontrait encore de “nombreuses lacunes” dans le domaine des libertés fondamentales et que le pays devait persévérer dans l’application des reformes adoptées ces dernières années.
Elisa Girard (http://www.lepetitjournal.com/istanbul/accueil/actualite) mardi 28 mai 2013
Pour aller plus loin sur la Turquie et les droits de l’Homme :
A noter :
Karim Lahidji a été élu Président de la FIDH. Il succède à Souhayr Belhassen, qui aura passé 6 ans à la tête de l’organisation. Le vote a eu lieu à Istanbul, où les ligues membres de la FIDH étaient réunies pour élire le nouveau Bureau international et définir les grandes orientations de l’organisation pour les trois prochaines années. A l’occasion de ce 38e congrès, le mouvement FIDH s’est renforcé passant de 164 à 178 organisations membres. Le Congrès a par ailleurs adopté 26 résolutions, concernant notamment le Mali, la Syrie, la Malaisie, Cuba, la Russie et la Turquie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire