À Tophane, l'espace DEPO met à l'honneur depuis la fin mois d'avril le travail de la famille Dildilian, photographes arméniens. Sur ses deux étages, l'exposition raconte le quotidien de cette famille et la vie sociale qui l'entourait. Retour sur une page douloureuse de l'histoire anatolienne, à travers les archives photographiques de cette famille.
Plus de 600 clichés pris dans les villes de Sivas, Merzifon, Samsun ou Konya ont été retrouvés. Rassemblées par Armen T. Marsoobian, le petit-fils de Tsolag aujourd'hui professeur de philosophie aux États-Unis, ces photos ont été triées puis soigneusement choisies par l’équipe de l'espace DEPO de Tophane.
Des images rares et précieuses pour l'époque
Cette famille arménienne n'a quitté l’Anatolie pour Athènes qu'en 1923. "Une particularité pour l'époque", note Asena Günal, coordinatrice de projets pour DEPO. "Le gouvernement avait besoin de photographes dans l'Empire ottoman, et il y en avait peu à l'époque. Les membres de la famille qui ont survécu au massacre ne sont donc pas partis en 1915 mais plus tard, en 1923", raconte-t-elle. "Ils sont restés en choisissant le seul échappatoire permis à l'époque : se convertir à l'islam." Plusieurs portraits de la vie quotidienne de cette famille nombreuse figurent dans l'exposition : le mariage de Aram, par exemple, "montre que la vie continue après le massacre", commente Asena Günal.
L'entreprise de photographie des Dildilian était installée dans plusieurs villes comme Merzifon, Samsun, Konya ou encore Sivas. Pourtant, la photographie de studio n'était pas leur seule activité : ils se déplaçaient dans les villes alentours. C'est ainsi que les frères devinrent photographes du collège Anatolie de Merzifon, collectant ainsi des clichés du quotidien des élèves.
"Tsolag est décédé à Athènes, Aram à San Francisco et Haiganoush près de Paris"
À deux ans du centenaire du génocide, l'exposition est parlante et plaît au public de DEPO, "constitué d'Arméniens mais pas seulement, note Asena Günal, de nombreux turcs de tous les âges, sensibilisés à cette cause viennent aussi". Presque chaque année au mois d'avril, la galerie consacre une exposition aux massacres de 1915, "pour sensibiliser les gens et expliquer cet événement à la société turque", justifie Asena Günal.
Marlène Alibert (http://lepetitjournal.com/istanbul.html) mercredi 8 mai 2013
Témoignages de l'histoire perdue d'une famille arménienne – À travers l'objectif des frères Dildilian (1872 - 1923)
Du 26 avril au 8 juin
DEPO / Tütün Deposu Lüleci Hendek Caddesi No.12, Tophane - Istanbul
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