Le PDG d’Aéroports de Paris, Pierre Graff, était à Istanbul hier, quelques semaines après l’acquisition par le groupe de 38% du premier opérateur turc d’aéroports TAV. Un investissement qui s’inscrit dans la stratégie internationale de l’entreprise et propulse ADP dans le trio de tête des groupes aéroportuaires au plan mondial
Il est loin, le temps où Aéroports de Paris n’avait d’yeux que pour ses terminaux parisiens. Par l’intermédiaire de ses filiales (ADPM et ADPI), le groupe créé en 1945 par le général de Gaulle gère aujourd’hui 37 aéroports dans le monde, directement ou non, drainant près de 180 millions de passagers chaque année.
“Il n’y a pas d’urgence”, tempère le PDG, Pierre Graff. “Mais viendra un jour où nos aéroports parisiens seront pleins (…) et une entreprise qui n’a plus de croissance est une entreprise qui meurt. Il n’est donc pas idiot de chercher des relais de croissance dans des pays qui n’ont pas fini d’émerger.” Quelles cibles? Des aéroports de taille “significative” (plus de 10 millions de passagers), à forte croissance, dans des pays de l’OCDE ou des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
L’aéroport Atatürk, un morceau de choix
La Turquie, dont le PIB a progressé de 8,5% l’an dernier, est un marché prometteur pour ADP, qui s’est donné pour objectif de prendre au moins trois participations significatives dans le monde à l’horizon 2015. Première étape accomplie avec l’acquisition en mai de 38% de TAV Airports, leader aéroportuaire turc, pour 874 millions de dollars (700 millions d’euros). ADP met aussi la main sur 49% de TAV Construction, pour un montant de 49 millions de dollars.
Le groupe réalise en Turquie la plus importante opération de croissance externe de son histoire. L'aéroport Atatürk d'Istanbul est le morceau de choix des dix plates-formes aéroportuaires que compte le portefeuille de TAV. Cet aéroport accueille chaque année plus de 37 millions de passagers, contre neuf millions à Ankara et trois millions à Izmir. Tous offrent un potentiel de croissance.
“Nous connaissons bien nos collègues de TAV, leur faculté de gestion, leur dynamisme, leur organisation. Il s’agit d’actifs de grande qualité, correctement tenus par des gens qui ont la même conception que nous du développement aéroportuaire. Autant dire que tout y était”, résume Pierre Graff.
“Une pépite qui vaut de l’argent”
TAV Airports a enregistré sur la période 2006-2011 une progression forte et régulière de ses principaux indicateurs financiers, et l’exercice 2012 a plutôt bien démarré. A l’issue du premier trimestre, TAV Airports a vu son trafic passagers augmenter de 35%, son chiffre d’affaires croître de 19 % à 211 millions d’euros et son excédent brut d’exploitation s’améliorer de 33 % à 47 millions d’euros.
“Nous n’achetons pas de la camelote”, rétorque Pierre Graff à ceux qui lui reprochent d’avoir payé trop cher. “Demandez aux professionnels : ces aéroports turcs ont une des meilleures réputations dans le monde. Il s’agit donc effectivement d’une petite pépite qui vaut de l’argent (…) surtout que le taux de retour sur investissement est à deux chiffres”, argumente le PDG.
Avec ses 38% de TAV Airports, une entreprise cotée en bourse, Aéroports de Paris devient actionnaire dominant. Les turcs Akfen Holding et Tepe Insaat, qui se sont désengagés au profit d’ADP, conservent toutefois une participation de 8,1% chacun. “Nous avons souhaité qu’ils restent au capital, même modestement, car on a besoin d’alliés turcs notamment dans la perspective de 2021, quand la concession d’Istanbul arrivera à terme et qu’on aura bien l’intention de se porter candidat”, précise encore Pierre Graff.
D’ici là, ADP compte poursuivre son expansion internationale et observe qu’environ 35 aéroports dans le monde sont susceptibles d’être privatisés au cours des deux ou trois prochaines années. L’aéroport brésilien de Rio de Janeiro fait partie de ces autres “pépites” auxquelles le groupe s’intéresse de près.
Anne Andlauer (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 7 juin 2012
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