De l’été 2010 à l’été 2011, le politilogue et membre de l’Institut universitaire de France Gilles Kepel réalise une enquête de terrain en Seine Saint-Denis. Il s’intéresse à l’évolution démographique et sociologique de la minorité musulmane du département, à l’image de celle du pays : marche forcée de la désindustrialisation à la haute technologie, chômage structurel, obstacles à l’intégration sociale, mais aussi percée des nouvelles générations de musulmans dans le champ politique, culturel ou économique. L’auteur passe ainsi en revue les trois phases de l’islam en puis de France : celui des pères (les «darons»), celui des Frères (les étudiants venus du Bled), celui des jeunes (ceux nés en France). Décomplexé, autochtone, ce dernier islam est aussi porteur d’une revendication identitaire, qui se manifeste notamment par l’exigence halal. Médias et politiques présentent de manière parcellaire et partiale les phénomènes du halal et du voile, dissimulant ainsi les véritables problèmes — un chômage massif dans les quartiers et une représentativité parlementaire inexistante — eux-mêmes liés à l’absence d’une vraie politique d’intégration.
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