SORTIE CETTE SEMAINE:
critique de Jacques MORICE dans TELERAMA
La lenteur au cinéma n'exclut pas l'intensité. Preuve : ces plans fixes, au silence palpitant, sur une jolie femme mélancolique, à la fois présente et absente, souvent plongée dans des pensées dont on suit le cheminement, concrètement, sur les routes et dans les montagnes de Turquie. Le temps dure longtemps est un road-movie autant qu'un film sur la mémoire, celle des Kurdes persécutés depuis une trentaine d'années. Ethnomusicologue, la jeune femme se rend dans les régions du Sud-Est pour réunir des chants élégiaques kurdes. Le souvenir d'un homme naguère aimé et qui a disparu l'accompagne. En chemin, elle rencontre sur un marché un vendeur de DVD pirates qui l'aide dans ses recherches. Un amour est peut-être en train de naître, tandis qu'un autre ne cesse de hanter chaque lieu traversé. C'est le fil conducteur de ce film allusif et sensible, malgré un lien pas toujours clair entre témoignages bruts de survivants et élégies. L'amplitude des paysages, le sens de l'existence comme suspendu, tout cela rappelle, en mineur, le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, de Wim Wenders et de Theo Angelopoulos (ces deux derniers sont d'ailleurs cités dans le film). Ozcan Alper, qui signe son second long métrage, ne dissocie pas la contemplation et l'engagement. Rien que pour cela, il est précieux. — Jacques Morice
Salles et horaires sur le site de TELERAMA/ www.teleram.fr
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