lundi 5 mars 2012

LES GRANDS "ASIKS" DE TURQUIE (1) : Asik Veysel

Qu'a donc de si particulier ce style musical que l'on appelle "aşık" ?
Ce mot d’origine arabe signifie littéralement « amoureux » en turc désigne à la fois le musicien et ce qu'il chante, le poème. Il s'agit de ce que nous avons connu en France au Moyen-âge, un barde ou troubadour, Ozan en turc, qui est tout à la fois auteur, compositeur, joueur de saz et interprète.

On distingue les türkü, chants traditionnels transmis depuis oralement plusieurs générations et dont on ignore l'auteur et les şarki dont on connaît l'auteur. Les aşık sont tout aussi capables d'interpréter le répertoire d'un autre aşık connu que d'improviser sur pratiquement n'importe thème. Lorsque plusieurs aşık se rencontrent pour jouer ensemble, ils résistent difficilement à la tentation d'improviser en se piquant et provoquant les uns les autres afin de rendre la réunion plus vivante. Chacun se mesure aux autres.
Les plus célèbres türküs sont classés comme unités du patrimoine culturel de la Turquie et font l'objet d'un enseignement dans les conservatoires de musique au même titre que la musique dite "savante" ou la musique moderne.

L'un des plus célèbres, pour ne pas dire le plus célèbre est Aşık Veysel:

De son vrai nom Veysel Şatıroğlu, il naquit dans le village de Sivrialan (dans la région de Sivas) en 1894, et mourut le 21 mars 1973 dans le même village. Il est renommé pour ses talents de poète, chanteur, compositeur et joueur de saz.

Son enfance se déroula dans une grande misère. Il perdit un oeil à l'âge de 7 ans à la suite d'une épidémie de variole puis ensuite l’usage de son œil droit suite à une maladresse.

Très jeune il manifeste un intérêt très vif pour les poèmes populaires appris avec son père et les musiciens qui passaient fréquemment chez lui. Il reçut ses premières leçons d’Ali Ağa, un ami de son père. Sa vocation était née et il y consacra une part importante de sa vie en tant qu'ozan

Il se maria en 1919 à une fille du nom d’Esma.
Sa vie fut ensuite une succession de deuils et de malheurs: il perd ses parents en 1921 puis un enfant à peine âgé de quelques jours. Sa femme le quitte lui laissant une petite fille qui décède elle-même avant l'âge de un an. D'un second mariage il aura sept enfants (dont l’un mourut en bas âge) qui lui donnèrent plus tard 18 petits-enfants.
Jusqu’en 1933, Veysel, homme fort modeste chantera la poésie des autres. L grand poète Ahmet Kutsi Tecer le fait connaître et lui donne la possibilité d’enseigner le saz dans les « instituts de village ».

La première chanson qu’il livre au public, Türkiye'nin ihyası Hazreti Gazi (Gazi, renouveau de la Turquie) est dédiée au « gazi » (maréchal) Mustafa Kemal Atatürk.

Aşık Veysel se met alors à voyager à travers la Turquie et son jubilée est organisé en 1952 à Istanbul. En 1965, une décision du Parlement turc lui accorde une pension mensuelle pour « services rendus à la langue et à l’unité nationales ».

voici deux oeuvres de Aşık Veysel



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